« Méditation, méditation pleine conscience, vipassana,
paix intérieure, lâcher prise, moment présent, faire le vide… »
Vous avez forcément déjà entendu un de ces termes quelque part. Pourtant s’il a bien un domaine ou règne beaucoup de confusions c’est celui-ci.
C’est quoi la méditation concrètement, qu’est-ce qu’elle apporte, quels sont les réels bénéfices, comment pratiquer la méditation… ?
Autant de questions que beaucoup se posent depuis que la méditation s’est démocratisée en occident. Nous allons dans cet article essayer d’y voir plus clair.
Ce que n’est pas la méditation
« Comprendre une chose c’est d’abord comprendre ce qu’elle n’est pas »
Tout d’abord, découvrons ce que n’est pas la méditation. En effet, nous voyons beaucoup d’auteurs associer certaines pratiques comme la prière ou la répétition de mantras à une pratique méditative. Vous avez certainement en tête le fameux « om » . Évidemment tout cela n’a rien à voir avec la pratique concernée.
Le terme de méditation est souvent employé de manière « générique » pour désigner un ensemble de démarches très variées, mais qui, en soi, n’ont rien à voir avec la méditation proprement dit.
Naturellement, il ne s’agit pas de décrier ces pratiques qui ont une véritable valeur dans le cadre d’un développement personnel. Notre objectif est, avant tout, de comprendre ce qu’elle est réellement.
Avant d’aborder cette notion, il convient d’abord de distinguer deux aspects au niveau de notre esprit :
D’une part, l’esprit ordinaire (ou singulier) et d’autre part la « nature de l’esprit », c’est-à-dire ce que nous sommes fondamentalement. L’un et l’autre sont indissociables puisque l’un représente la base de l’autre. Pour employer une analogie, le soleil correspondrait à la nature véritable de l’esprit, et ses rayons à l’esprit ordinaire (ou conditionné). L’esprit (ordinaire) est lié au sens du moi, de notre individualité. Il est fait de toutes les idées et concepts que nous nous sommes forgés tout au long de notre existence et qui ont créé ce que l’on pourrait appeler « l’image de soi ». Une image qui, comme on le verra, est une notion très relative puisqu’elle est fluctuante. Associé aux affects, il compose ce que l’on appelle « l’ego ».
Le but de la méditation
Le but de la méditation est de « dépasser » en quelque sorte notre perception ordinaire de la réalité pour réaliser ce que nous sommes vraiment, c’est-à-dire notre véritable nature. Ce que l’on cherche donc avant tout dans la cette pratique, c’est d’éveiller notre conscience à la vraie nature de l’esprit. Pour cela, on utilisera comme support l’attention grâce à laquelle notre conscience va pouvoir accéder à cette nature ultime.
En ce qui concerne la pratique de la méditation, beaucoup de pratiquants commettent l’erreur de vouloir rechercher systématiquement les « effets de la pratique » comme le fait de faire le vide dans son esprit, le calme, la paix intérieure… c’est-à-dire les états particuliers de la conscience. De nombreux pratiquant pensent à tord que c’est en recherchant ces effets qu’ils vont atteindre « l’état méditatif ».
La relaxation et les états dit alpha ou thêta (que l’on associe au calme de l’esprit et à la paix de celui-ci) ne sont qu’une conséquence de la pratique et non l’objectif, qui est, répétons-le, d’éveiller notre attention pour réaliser ce que nous sommes vraiment. Nous en reparlerons plus loin.
Voyons d’abord comment agissent les autres méthodes que l’on appelle parfois « pratiques relatives » parce qu’elles ont une action uniquement au niveau de notre esprit ordinaire.
Le sens de la pratique
En effet, lorsque l’on recourt à la pratique du mantra, de la suggestion, de la visualisation et d’autres démarches similaires, on agit au niveau du mental. L’objectif n’est pas d’élever la conscience comme dans la méditation mais de modifier la « configuration » de notre esprit ordinaire. Par exemple, améliorer l’image de soi, ou modifier certaines de nos perceptions. Le but ici est différent, mais il peut le servir.
Pour s’élever, une personne a besoin d’une base solide. Si elle manque de confiance en soi, par exemple, il lui sera très difficile de « s’élever » autrement dit de faire face aux difficultés inhérentes à sa réalisation personnelle.
Les obstacles qu’elle rencontrera deviendront alors matière à abandonner ses objectifs. Dans ce cas, le recours à des techniques de visualisation, d’autosuggestion (voir l’article L’autosuggestion dans la catégorie psychologie), et autres pratiques diverses pourront l’aider à développer ce que l’on peut appeler un « ego sain ». La culpabilité représente souvent un obstacle important qu’il conviendra de traiter pour continuer à avancer dans de bonnes conditions.
Peut-on mettre de la musique pendant la pratique ?
Non, dès lors que l’on recourt à un artifice, ce n’est plus de la méditation. Cela ne veut pas dire que ce n’est pas utile, mais là aussi l’objectif n’est pas le même. On cherche le bien-être, la détente, non l’éveil de l’attention.
Peut-on mettre de la musique pendant la pratique ?
Non, en aucune façon. La méditation 3G utilise des sons isochrones pour induire des états particuliers. Ici, on provoque la production d’ondes alpha ou thêta au niveau du cerveau : elles ne sont pas amenées naturellement.
Il faut comprendre ici que la méditation est un « processus de familiarisation », tout comme on gagne en aisance en passant du temps dans un lieu inconnu, on gagne en aisance en progressant dans la pratique car en éveillant notre attention, on perçoit progressivement plus clairement les composantes de notre esprit.
On ne le dira jamais assez mais « provoquer » un état n’est jamais sans conséquence.
Et une fois encore, le fait de rechercher systématiquement les états particuliers de la conscience n’apporte pas la libération et la connaissance qui ne peuvent s’obtenir que grâce à l’éveil de l’attention. Les adeptes de la méditation 3G confondent les effets de la méditation avec son but.
La prière est-elle de la méditation ?
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La prière n’a pas pour fonction de nous faire réaliser la nature de notre esprit ; c’est souvent une demande adressé à Dieu, à un être suprême, le soi etc …
Le mot prière est dérivé étymologiquement du latin » praecaria « , qui a donné « précaire ».
La prière est reliée à la foi dans la capacité d’un être suprême ou Dieu d’exhausser nos voeux ou de répondre à nos questions. Nous prions souvent pour demander un signe, être guidés, recevoir un éclaircissement, etc. . Comme se plaisait à le répéter un sage « la prière c’est la demande, la pratique méditative c’est l’être »
Méditation analytique et sans objet
On parle parfois de méditation analytique. En soi, ce n’est pas de la méditation, mais cette démarche peut préparer à la méditation.
En effet, ici, on va recourir à la réflexion sur certaines notions bien précises pour en acquérir une parfaite compréhension. L’objectif est de préparer l’esprit à la « réalisation » de l’objet de la méditation, comme par exemple « l’impermanence », « la compassion » etc ..
La méditation va ensuite nous faire franchir une étape où la réflexion n’a plus lieu d’être, c’est l’étape de la réalisation.
La méditation « sans objet », quant à elle, a pour but de nous faire accéder directement au « voir ». Un peu comme si on nous avait parlé d’un lieu, mais tout ce que nous en savons, c’est ce que l’on nous en a dit. Jusqu’au jour où nous allons voir directement par nous-mêmes, et là, nous comprenons. Mais notre compréhension ne provient plus de la réflexion : elle est directe.
En résumé
La méditation a pour objectif d’éveiller notre attention pour nous permettre de percevoir la véritable nature de notre esprit et de nous permettre ainsi de nous libérer de la souffrance générée par notre « perception ordinaire ». Elle nous permet entra autre de nous « familiariser » avec nos différentes instances physiques et psychiques car la libération ne peut se produire que par une « claire conscience » des phénomènes.
Il existe d’autres techniques appelées parfois à tort « méditation » et dont les objectifs sont très différents. Leur buts est plutôt d’améliorer les conditions de notre « esprit ordinaire » pour le rendre plus « sain » plus adapté à nos aspirations.
Certaines de ces techniques, comme la méditation3G, ne sont pas sans danger, il convient donc d’être très attentif quant à leur utilisation. D’autant plus que ces méthodes ne permettent pas à la personne de devenir autonome.
À propos de Bruno Lallement
Bruno Lallement auteur, conférencier, humaniste et humanitaire.
Il est également fondateur de l’association humanitaire Planète Altruiste